Centrafrique : pourquoi faut-il encore parler de la Seleka?

Le déroulement pacifique des élections et l’instauration du gouvernement Touadera n’ont pas fait disparaître les groupes armés qui occupent le Nord et l’Est de la Centrafrique. Plus de trois ans après le début du conflit, bien que fragmentée, affaiblie et criminalisée, la Seleka a encore un potentiel déstabilisateur. Ses milliers de combattants pourraient mettre sérieusement en danger le processus de sortie de la crise s’ils ne reçoivent pas un traitement socioéconomique adéquat.

Un mouvement composite
La Seleka, qui a amené Michel Djotodia au pouvoir en 2013, n’a jamais été un groupe armé cohésif ayant des objectifs communs et une ligne de commandement claire. Dès ses débuts en 2012, le mouvement était composé de dirigeants présents depuis longtemps sur la scène des rébellions centrafricaines, et bénéficiant d’importants appuis externes (notamment de la part du Tchad), de quelques milliers de combattants déçus par le président Bozizé, et d’une forte composante de mercenaires de la région et de jeunes centrafricains marginalisés.
Dès 2013, des bandes armées ont occupé et ravagé la Centrafrique : tandis que Djotodia nommait ses ministres et désignait l’État-major, la Seleka était déjà divisée en plusieurs milices formées de quelques dizaines à quelques centaines d’hommes répondant à leur propre commandant. Au début de 2014, après la chute de Djotodia, la Seleka a repris de facto sa forme originelle, c’est-à-dire des groupes armés indépendants à base ethnique dont le but est le contrôle et l’exploitation du territoire centrafricain. Le retrait des troupes de la Seleka au Nord et à l’Est de la RCA coupe le pays en deux et définit une ligne que les autorités de transition ne peuvent franchir que sous la protection des forces internationales. Depuis cette période, la partition du territoire entre factions s’est figée. La situation de conflit latent qui en dérive et qui affecte une large partie du pays contredit le message de normalisation provenant de la capitale.
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